Rhiannon a décidé de m’emmener sur la Yorke Peninsula. C’est pas loin, it’s an easy drive. Bon, trois heures de route, mais au moins il fait beau. Les routes sont en terre, rouge, les 4x4 sont boueux. Nous cherchons Marion Bay, j’indique le panneau, mais elles insistent pour sortir le gps, profitons-en car il y a du réseau dans la charmante bourgade de Minlaton. « Il faut tourner à droite ! » « Ah bon tu es sûre ? » Bon, allons-y. Quelques kilomètres plus loin, Emma insiste « Tu vois, c’est bien la route de Port Vincent ». Silence. « Oh well, let’s go to Moonta, Marion Bay was too far anyway ». Et nous sommes allées à Moonta. Et nous avons mangé un fish and chips. Et nous nous sommes battues avec les mouettes. J’ai l’impression d’avoir vécu ça mille fois. Si je suis blasée jusqu’en Australie, à quoi ça sert de faire tout ce trajet ? Faut-il aller plus loin ? Dans un pays pauvre ? Ca sera la prochaine étape, je ne suis pas encore prête. J’ai insisté pour le fish n chips, à croire que je m’accroche désespérément à ce que je connais. Je n’ai aucun envie de visiter l’Australie, à mon grand désarroi. Aucune envie d’aller nulle part. A quoi bon y aller seule ? Plus le temps passe, plus se confirme l’impression que nous sommes irrémédiablement seuls, évidemment. C’est notre lot. Merde, quoi, pourquoi est-ce que ça ne m’a pas gêné pendant 25 ans ? Au moins, nous sommes dans cette voiture, et c’est déjà ça que nous avons en commun. Le paysage défile, vert et rouge, c’est l’hiver. Rhiannon me fait signe que j’ai le droit de faire la sieste. Je m’endors instantanément. Et quand je me réveille, le paysage n’a pas bougé, la même ligne droite, toujours, les marais et les buissons d’eucalyptus.
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