Puisque l'humeur est à la ponte, puisqu'il est vendredi soir et que
demain j'ai pas école, puisque j'ai bien mieux à faire, puisque j'ai un
problème de lobe frontal et que je veux faire comme vous, j'ai décidé
que c'était mon tour de pondre un oeuf. Pas un oeuf de poule, un bel
oeuf beige, propre et brillant. Un oeuf d'oiseau merdique, un oeuf de
pigeon ? avec la plume qui colle encore à cause du caca collé dessus, un
oeuf que personne ne voit et qu'un renard va bouffer sans y penser.
Certes, c'est étrange pour un chat, pondre un oeuf, me direz-vous. Mais
la nature est pleine de surprise.
Je ne me sens pas proche de
vous. Je ne me sens ni incomprise ni supérieure ni entourée de teubés
incompétents. C'est plutôt exactement l'inverse. Je ne comprends pas
l'autre. Je crois l'empather, alors que je m'empâte dans des mdd
grossiers qui, comme leur nom l'indique, ont pour but de me protéger de
la vérité: mon auto-aveuglement de compassion n'est qu'un vernis
ridicule sous le monstre palpitant de l'égocentrime extrême qui patiente
en-dessous, et qui est malheureusement notre lot à tous. Je ne suis pas
supérieure. Ma vie n'est qu'une vaste supercherie. Vous réussissez “par
erreur”, en brillant tdahiens qui préfèrent sauter de toit en toit,
racler les égoûts ou traîner dans les bars à pute le whisky dans une
main et le désenchantement dans l'autre, au lieu de travailler. Et
pendant ce temps, pendant que vous vous roulez dans la fange de l'ennui
avec désespoir et mal de vivre, je note mes petites fiches, je fais mes
exercices, je me lève à 8h et je prends ma douche, je fais ce qu'on me
demande, petite fourmi servile, vaillant petit soldat du bonheur de la
tâche accomplie. Je ne bois pas car ça fait grossir. Je ne fume pas car
ça donne des rides. Et qui voudrait encore de moi, alors? Je fais des
études brillantes et je me demande souvent comment ça serait si j'avais
juste fait des études bien. Je suis capable de reproduire de la merde
joliment enrobée sur des pages et des pages et ça passe comme une lettre
à la poste. Je suis capable de débiter des âneries entrecoupée de
blagues sur le petit Gregory à des étudiants qui mettent leur vie entre
mes mains, scrutée par des regards endormis, ou, au mieux, incrédules.
Je suis capable de dire merci quand on me félicite pour la énième fois
pour mon sérieux, qui n'a pourtant rien du talent. A chaque fois j'ai
envie de hurler “mais au secours, ça ne peut pas être ça, connard
d'enculé, toi aussi tu fais semblant d'y croire quand tu me dis que
c'est bien, car sinon ça serait avouer que toi aussi tu es bâti sur un
château de cartes de mensonges et d'auto-illusions, aie au moins les
couilles de me le dire au lieu de me mettre la main sur l'épaule”. Mais
je ne partirai pas. Car on m'aime quand on croit que je travaille bien,
et c'est le principal. Je ne suis pas entourée de teubés. Je suis une
sorte d'ovni provocateur frustré incandescent mais aussi froid et
coupant comme la glace. J'ai mis mes oeillères et je fonce tout droit,
tête baissée, et je ne regarde pas qui suit, et de toute façon ça ne
m'intéresse pas. Je fais semblant de faire ce qu'on me dit, et qui me
soupçonnerait, moi, la gentille sérieuse sur qui on peut compter?
J'aurais été un bon nazi. J'aurais surveillé les 110 000km de voies
ferrées françaises jour et nuit et houspillé les 482 aiguilleurs pour
qu'ils soient à leur poste à cinq heures du matin. J'aurais marché droit
et loin, du moment qu'on m'aurait donné des médailles et une tape sur
l'épaule. Ouais ok, nazi ça veut pas dire ça, mais au secours, osef.
Mais j'aurais aussi été un mauvais nazi (comment savoir lequel des deux
l'emporte?) car je n'y aurais pas cru dur comme fer. J'aurais été
consciente de faire le boulot pour la médaille, j'aurais été sincèrement
désolée pour tous ces enfants juifs qui mourraientt d'une asphyxie
lente et douloureuse. Mais allez, après tout, comment savoir? Ne jugeons
pas trop vite.
Ma vie ne part pas en couilles. J'ai un boulot, un
appart, I walk the line. Je ne suis pas rock n'roll. Je fais tout à
moitié. Je fume à moitié, je baise à moitié, je ne suis même qu'à moitié
anorexique, à moitié pseudo-lesbienne, qu'à moitié drôle et qu'à moitié
déprimée, qu' à moitié jolie. Je conduis à 138 sur l'autoroute. Même
pas pour le genre. Mais parce que l'incongruité, la vanité et le néant
de la prise de risque m'ennuient avant même d'y arriver. Ou alors c'est
ce que j'essaie de me faire croire. Je ne suis accro à rien, ni à
l'adrénaline, qui rend ses dépendants palpitants et chevaleresques de
l'impossible, ni aux endorphines, qui font courir tous ces suceurs de
joggeurs du dimanche, ni à la sérotonine des meufs pseudo-normales,
(mais qui l'est?) qui bouffent du chocolat en cachette à trois heures du
mat. Je peux me lever en plein après-midi, me planter devant un
collègue-pseudo pote, et lui dire “s'il te plaît, tue-moi”, en faisant
semblant au bout d'un dizième de secondes que c'est une blague, tout en
gardant au fond de moi que c'est pas une blague, mais tout en sachant
que si, c'en est une, car franchement qui a envie de souffrir et de
crever sans savoir ce qu'il y a derrière?
Au secours, vous me
dégoûtez tous avec votre mal-être poseur empathe incertain malheureux
tristitude. Alors qu'on sait bien tous qu'au fond on est que des enculés
égoïstes programmés pour survivre, et donc, logico-bio-médicalment,
pour rabaisser et mépriser ceux qui nous sont inutiles. On est tous des
connards. Mais parfois, j'ai juste du mal à l'assumer car “au secours je
ne veux pas être encore eux”, mais c'est parce que j'ai pas encore
voulu comprendre que je n'avais pas vraiment le choix. Même l'enfant
africain qui crève de faim avec ses jouet fabriqués en bouchon de
jerrican à essence balancés par les fenêtres des 4x4 rutilants des
seigneurs du pétrole après qu'ils aient écrasé sa petite soeur, même lui
c'est un connard. Enfin, je crois.
D'habitude je me dis que j'ai
pas le droit de juger car “je n'ai pas souffert”, mes parents ne m'ont
pas battue avec des fils électriques hors d'âge pour ensuite me vendre à
un tenancier de bordel crasseux en faisant semblant de croire que
c'était un marchand de tapis. Ca, c'est dans mon autre vie. Mais là j'ai
envie de dire merde, de vous cracher à la gueule avec votre malheur,
car au final on baigne tous dedans, bordel ou pas.
Allez, ce post
vain n'appelle évidemment aucun commentaire, j'avais juste envie
d'avoir l'impression de faire quelque chose “qui paraît sortir de
l'ordinaire”, alors qu'en fait, bien sûr, il n'en sort pas. Tout a été
dit, fait, pensé. Même Eratosthène en -200 c'était un bg trop balèze.
Sans compter tous ceux que l'Histoire, dans son rouleau compresseur
factice et injuste, ne retiendra pas.
Enfin, ne l'avais-je
prédit à Brutus? “Dans deux semaines, je toucherai violemment le bas du
sinus, car j'aurai terminé mes deadlines inutiles et vaines mais qui
avaient le mérite de m'occuper”. Voilà, j'y suis, je ponds une bouse
inutile, j'ai l'impression d'avoir fait quelque chose. Rien de nouveau
sous le soleil. Que la roue continue de tourner, de toute façon ce n'est
pas moi qui vais y changer quelque chose.
Amen mes frères et mes soeurs.
Cot cot codec
PS:
Ah si, j'ai fait quelque chose d'utile cet été. J'ai porté haut les
couleurs de la poulitude en amenant ma brave équipe (de boulets) à la
victoire au son “d'à-tchic à-tchic -à tchic? Cot cot cot!”
Intrinsèquement, c'est ce dont je suis la plus fière, disons ces....huit derniers mois.
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