vendredi 19 octobre 2012

Pot-pourri

Puisque l'humeur est à la ponte, puisqu'il est vendredi soir et que demain j'ai pas école, puisque j'ai bien mieux à faire, puisque j'ai un problème de lobe frontal et que je veux faire comme vous, j'ai décidé que c'était mon tour de pondre un oeuf. Pas un oeuf de poule, un bel oeuf beige, propre et brillant. Un oeuf d'oiseau merdique, un oeuf de pigeon ? avec la plume qui colle encore à cause du caca collé dessus, un oeuf que personne ne voit et qu'un renard va bouffer sans y penser. Certes, c'est étrange pour un chat, pondre un oeuf, me direz-vous. Mais la nature est pleine de surprise.

Je ne me sens pas proche de vous. Je ne me sens ni incomprise ni supérieure ni entourée de teubés incompétents. C'est plutôt exactement l'inverse. Je ne comprends pas l'autre. Je crois l'empather, alors que je m'empâte dans des mdd grossiers qui, comme leur nom l'indique, ont pour but de me protéger de la vérité: mon auto-aveuglement de compassion n'est qu'un vernis ridicule sous le monstre palpitant de l'égocentrime extrême qui patiente en-dessous, et qui est malheureusement notre lot à tous. Je ne suis pas supérieure. Ma vie n'est qu'une vaste supercherie. Vous réussissez “par erreur”, en brillant tdahiens qui préfèrent sauter de toit en toit, racler les égoûts ou traîner dans les bars à pute le whisky dans une main et le désenchantement dans l'autre, au lieu de travailler. Et pendant ce temps, pendant que vous vous roulez dans la fange de l'ennui avec désespoir et mal de vivre, je note mes petites fiches, je fais mes exercices, je me lève à 8h et je prends ma douche, je fais ce qu'on me demande, petite fourmi servile, vaillant petit soldat du bonheur de la tâche accomplie. Je ne bois pas car ça fait grossir. Je ne fume pas car ça donne des rides. Et qui voudrait encore de moi, alors? Je fais des études brillantes et je me demande souvent comment ça serait si j'avais juste fait des études bien. Je suis capable de reproduire de la merde joliment enrobée sur des pages et des pages et ça passe comme une lettre à la poste. Je suis capable de débiter des âneries entrecoupée de blagues sur le petit Gregory à des étudiants qui mettent leur vie entre mes mains, scrutée par des regards endormis, ou, au mieux, incrédules. Je suis capable de dire merci quand on me félicite pour la énième fois pour mon sérieux, qui n'a pourtant rien du talent. A chaque fois j'ai envie de hurler “mais au secours, ça ne peut pas être ça, connard d'enculé, toi aussi tu fais semblant d'y croire quand tu me dis que c'est bien, car sinon ça serait avouer que toi aussi tu es bâti sur un château de cartes de mensonges et d'auto-illusions, aie au moins les couilles de me le dire au lieu de me mettre la main sur l'épaule”. Mais je ne partirai pas. Car on m'aime quand on croit que je travaille bien, et c'est le principal. Je ne suis pas entourée de teubés. Je suis une sorte d'ovni provocateur frustré incandescent mais aussi froid et coupant comme la glace. J'ai mis mes oeillères et je fonce tout droit, tête baissée, et je ne regarde pas qui suit, et de toute façon ça ne m'intéresse pas. Je fais semblant de faire ce qu'on me dit, et qui me soupçonnerait, moi, la gentille sérieuse sur qui on peut compter? J'aurais été un bon nazi. J'aurais surveillé les 110 000km de voies ferrées françaises jour et nuit et houspillé les 482 aiguilleurs pour qu'ils soient à leur poste à cinq heures du matin. J'aurais marché droit et loin, du moment qu'on m'aurait donné des médailles et une tape sur l'épaule. Ouais ok, nazi ça veut pas dire ça, mais au secours, osef. Mais j'aurais aussi été un mauvais nazi (comment savoir lequel des deux l'emporte?) car je n'y aurais pas cru dur comme fer. J'aurais été consciente de faire le boulot pour la médaille, j'aurais été sincèrement désolée pour tous ces enfants juifs qui mourraientt d'une asphyxie lente et douloureuse. Mais allez, après tout, comment savoir? Ne jugeons pas trop vite.
Ma vie ne part pas en couilles. J'ai un boulot, un appart, I walk the line. Je ne suis pas rock n'roll. Je fais tout à moitié. Je fume à moitié, je baise à moitié, je ne suis même qu'à moitié anorexique, à moitié pseudo-lesbienne, qu'à moitié drôle et qu'à moitié déprimée, qu' à moitié jolie. Je conduis à 138 sur l'autoroute. Même pas pour le genre. Mais parce que l'incongruité, la vanité et le néant de la prise de risque m'ennuient avant même d'y arriver. Ou alors c'est ce que j'essaie de me faire croire. Je ne suis accro à rien, ni à l'adrénaline, qui rend ses dépendants palpitants et chevaleresques de l'impossible, ni aux endorphines, qui font courir tous ces suceurs de joggeurs du dimanche, ni à la sérotonine des meufs pseudo-normales, (mais qui l'est?) qui bouffent du chocolat en cachette à trois heures du mat. Je peux me lever en plein après-midi, me planter devant un collègue-pseudo pote, et lui dire “s'il te plaît, tue-moi”, en faisant semblant au bout d'un dizième de secondes que c'est une blague, tout en gardant au fond de moi que c'est pas une blague, mais tout en sachant que si, c'en est une, car franchement qui a envie de souffrir et de crever sans savoir ce qu'il y a derrière?

Au secours, vous me dégoûtez tous avec votre mal-être poseur empathe incertain malheureux tristitude. Alors qu'on sait bien tous qu'au fond on est que des enculés égoïstes programmés pour survivre, et donc, logico-bio-médicalment, pour rabaisser et mépriser ceux qui nous sont inutiles. On est tous des connards. Mais parfois, j'ai juste du mal à l'assumer car “au secours je ne veux pas être encore eux”, mais c'est parce que j'ai pas encore voulu comprendre que je n'avais pas vraiment le choix. Même l'enfant africain qui crève de faim avec ses jouet fabriqués en bouchon de jerrican à essence balancés par les fenêtres des 4x4 rutilants des seigneurs du pétrole après qu'ils aient écrasé sa petite soeur, même lui c'est un connard. Enfin, je crois.

D'habitude je me dis que j'ai pas le droit de juger car “je n'ai pas souffert”, mes parents ne m'ont pas battue avec des fils électriques hors d'âge pour ensuite me vendre à un tenancier de bordel crasseux en faisant semblant de croire que c'était un marchand de tapis. Ca, c'est dans mon autre vie. Mais là j'ai envie de dire merde, de vous cracher à la gueule avec votre malheur, car au final on baigne tous dedans, bordel ou pas.

Allez, ce post vain n'appelle évidemment aucun commentaire, j'avais juste envie d'avoir l'impression de faire quelque chose “qui paraît sortir de l'ordinaire”, alors qu'en fait, bien sûr, il n'en sort pas. Tout a été dit, fait, pensé. Même Eratosthène en -200 c'était un bg trop balèze. Sans compter tous ceux que l'Histoire, dans son rouleau compresseur factice et injuste, ne retiendra pas.

Enfin, ne l'avais-je prédit à Brutus? “Dans deux semaines, je toucherai violemment le bas du sinus, car j'aurai terminé mes deadlines inutiles et vaines mais qui avaient le mérite de m'occuper”. Voilà, j'y suis, je ponds une bouse inutile, j'ai l'impression d'avoir fait quelque chose. Rien de nouveau sous le soleil. Que la roue continue de tourner, de toute façon ce n'est pas moi qui vais y changer quelque chose.

Amen mes frères et mes soeurs.

Cot cot codec

PS: Ah si, j'ai fait quelque chose d'utile cet été. J'ai porté haut les couleurs de la poulitude en amenant ma brave équipe (de boulets) à la victoire au son “d'à-tchic à-tchic -à tchic? Cot cot cot!”
Intrinsèquement, c'est ce dont je suis la plus fière, disons ces....huit derniers mois.

3 commentaires:

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…
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