Sur un coup de tête, un besoin d’air, un besoin irrépressible de me tourner vers ce que je connais et me rattache au passé. Partons faire du skating, partons à Serre-Chevalier. Cette vallée revient étrangement souvent dans ma vie. Noël 2006, au fond du trou si l’on peut dire, j’y retourne, seule cette fois. Je me rappelle des pommes noisettes, des filles qui ne m’aimaient pas, de mon rôle de fausse allumeuse car c’est le seul qui ne me dégoûte pas. Le froid, le soleil, la douleur qui est aussi ma récompense. Charles-Xavier, ou quelque chose comme ça. Il me drague depuis le premier soir, qui était également le soir de mes 21 ans. Il en reste une vidéo. Et quand je la regarde, je ne peux m’empêcher de penser, comment n’a-t-il pu voir la tristesse dans mes yeux. Je suis la seule fille du groupe, et la photo prise par Yves nous as immortalisés sous un beau soleil, où l’on ne peut pas voir la violence et l’hypocrisie de nos échanges, qui ne m’ont frappée que bien plus tard. Thibault est le plus attachant. Etudiant à l’école des officiers de la marine marchande, au Havre. Qu’est-ce qu’il vient faire du skating à Serre-Chevalier, on se demande. Il a fait le tour du monde sur un méthanier. Je lui demande de me parler du cap de Bonne-Espérance et du détroit de Singapour. « Ce n’est pas un monde facile, quand à 21 ans tu dois avoir sous ta responsabilité une équipe de marins dont l’intérêt ne porte que sur les magazines de cul. Aller aux putes à chaque escale, c’est presque une obligation ». Je ne sais pas si je dois le croire quand il dit ne pas y aller. Il n’a pas d’adresse e-mail et c’est absurde en 2006. Les quatre garçons dorment tous ensemble. Thibault : « ça ne vole pas haut, ils parlent de toi et de branlette ». Le dernier soir, c’est Charles-Xavier qui gagne. Je suis bourrée comme je pouvais l’être à 20 ans, avec insouciance, légèreté et désespoir. C’est déjà la fin de cette vie que j’aimais tant mais qui n’était qu’une euphorie permanente, qui nous a tous laissés sur le carreau. « Le ski alpin », comme dirait Yves. Il insiste pour que je couche avec lui, notre échange se résume à : lui: « allez, sois pas coincée » (et diverses tentatives de ce genre), moi : « non ». Et quand finalement il fourre sa langue dans ma bouche et que je me laisse faire, j’ai envie de mourir.
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