lundi 27 décembre 2010

Batofar 2

Nath et moi. Je me dois donc de l'aide à chercher, sinon il ne dansera jamais et ce serait fâcheux. Finalement, c'est la drogue qui vient à moi. On me propose de l'ecsta mais je refuse poliment, et dit que ce monsieur voudrait bien de l'acide (je ne connais pas l'argot des djeuns d'aujourd'hui). Mais quel acide? qu'il me répond. Meth, speed, keta? Euh ben, lsd? Ah oui mais ça ma bonne dame, fallait le dire tout de suite (il n'a pas vraiment dit ma bonne dame, il ne serait pas permis, avec mes oreilles de chat). Bon, donc ne pas dire acide en France. Il va chercher quelqu'un ("ne bougez pas ma bonne dame, j'arrive tout de suite"). Le mec qui revient a une bonne tête de dealer: on leur a jamais dit que la capuche et les lunettes ça faisait louche en boîte? Et bon c'est moi qui doit payer, car Nath a tout dépensé dans des cocktails à 10 euros (ah ces anglais...). Un petit morceau de papier. Il gobe tout. Gonflé le mec! Eh rends-m'en un peu, c'est mon anniversaire (l'excuse du jour). Donc il recrache et j'en prends un micro-bout (le coin), histoire d'avoir un effet placebo.
Ah oui, la musique sonne mieux tout d'un coup. Je regarde bouger mes mains. Signes classiques, pas trop fort, jusque ce qu'il faut, parfait. Nath "is tripping so much", il danse pratiquement torse nu, tout le monde est content. Puis on va fumer sur le pont supérieur. Tout le monde a l'air si jeune, et Nath acquiese, en ajoutant que si même lui le pense, c'est qu'ils sont vraiment jeunes (il a 20 ans). Les seuls "vieux" sont à moitié édentés. Et ils ont l'air tous à moitié dégénérés. Est-ce que c'est le trip qui me rend snob?

J'ai mal calculé mon coup, on repart à 5h, et y'a pas de métro avant une demi-heure. C'est encore plus l'ambiance de fin du monde. Nath, décidément très anglais, n'a pas de manteau. Chat échaudé craint l'eau froide, il évite tout groupe de gens dehors à cette heure-là de peur de se refaire agresser (faudrait quand même pas qu'on lui vole son cd gratuit!). Des hordes d'hommes en noir sortent de sous la terre. Un par un, criant, mugissant, leur longue cape s'agitant dans les bourrasques de neige. Nous nous cachons derrière un recoin de porte. Nath surveille, it's never ending! it's never ending!. Mais une envie pressante lui prend et il doit m'abandonner. C'est le moment que choisis une jeune femme esseulée pour m'aborder. Elle me demande où se trouve Bercy, nous sommes juste en face, oui mais pour y aller, ben il faut prendre le pont, mais il est où le pont, ben là vous voyez pas, non je ne le vois pas. Est-ce que je suis en train de tripper? Elle s'éloigne et se fait inévitablement embusquer et attaquer par la horde de vampires. Nath et moi regardons sans rien faire, tristes de n'avoir pu la sauver. Mais il arrivent vers nous! Vite on doit changer de cachette! On passe par derrière Truffaut en se cassant la gueule sur le verglas, Nath a froid, sans blague. Puis là, on voit le métro allumé! Vite, planche de salut! On se dirige vers le métro aérien, et là, horreur, ils sont en embuscades. Ils nous attendent? Pitié! mon sang est tout froid et pas frais du tout! (c'est pas logique, mais bon dans ces moments-là on perd son sang-froid...euh non celle-là je n'ai pas fait exprès!). On monte les marches. Ils nous regardent. Et là je les vois, ils sont tous en haut. 1, 2, 3...40...50! Les yeux braqués sur nous. Ils sont tous noirs. J'ai mon boa rose. Nath a l'air pédé . We are sending the wrong message!
Et là, de façon inespérée, le métro arrive. On se jette dedans et on entend des cris à l'extérieur. Soulagés, on soupire enfin. Le métro est plein, de gens normaux, c'est tellement bizarre! Et ces cris! Les vampires ne peuvent pas rentrer? Ai-je vraiment pris que le petit coin de ce bout de papier? Peu importe, nous sommes sauvés. Mais j'ai laissé des traces roses partout.

Batofar

Ce soir je fête mon anniversaire, presque par hasard. La dernière fois, c'était il y a 15 ans déjà, et je m'en souviens bien, j'avais mis ma robe de princesse, préparé un super goûté et reçu un dinosaure en bois à monter soi-même. C'est à peu près pareil cette année, j'ai mis mon boa rose de princesse, préparé des super lasagnes, et...non bon pas de dinosaure cette fois, mais ce n'est que partie remise. Lancelot et Stéphanie viennent dîner, et ensuite j'ai prévu de les emmener au Batofar ("célèbre lieu de plaisir(s?)" selon ma mère, mais je vous rassure, ce n'est pas elle qui m'a conseillée d'y aller). J'ai omis de préciser qu'il s'agissait d'une soirée psytrance pour ne pas leur faire peur. Lancelot, fidèle à lui-même, a revêtu son plus beau costume: un t-shirt où il est écrit " a blow job is better than no job" en jaune fluo., et je n'aurais pas pu penser à mieux. A défaut de dinosaure, je me suis offert un piercing, afin d'avoir l'air enfin cool. Je ne suis pas sûre que ça marche, mais bon qui ne tente rien n'a rien. Le tout agrémenté d'un serre-tête oreilles de chat, histoire de ne pas perdre de vue qui je suis. Dans la foulée sont conviés Nath, Claire et Baptiste, pour un assemblage improbable de gens censés célébrer mon existence (rien que ça).

Il neige, il vente, c'est presque le jour d'après. La Seine déborde pour former une petite plage romantique et lugubre sur les quais de la BNF, et Claire a bien failli se retrouver à l'eau. A peine entrés, on propose du Lsd à Lancelot. Bien qu'émoustillé, il décline l'offre, au grand dam de Nath qui, en bon anglais, ne peut s'amuser qu'avec l'aide de substances étranges et de doses d'alcool dépassant les normes françaises. Son grand dam est de ne pas vraiment oser demander à tous ces gens qui ont pourtant l'air drogués s'ils possèdent ce qu'il cherche. Il est même jaloux de Claire qui, après avoir répété qu'elle ne voulait surtout pas venir, ondule et coudoie sur la piste comme si la musique inondait sa colonne vertébrale (c'est une littéraire), et qui donc semble avoir pris trois ecstas. Mais non, Nath, c'est juste Claire. Ah, one of these special people! Je sème des plumes roses partout et je miaule avec du papier toilette dans les oreilles, mais ce n'est pas suffisant pour retenir Steph, Lancelot, Claire et Baptiste qui partent vers 2 heures. Nath est horrifié que des gens puissent partir si tôt le jour de mon anniversaire (je l'aime bien), et bien sûr qu'il restera avec moi, et de toutes façons il n'a pas encore trouvé son Lsd. C'est con j'en avais à la maison, mais je n'ai pas pensé à lui en offrir après la gorgée initiatique de slivovice (qui l'a laissé de marbre mais a bien coupé la parole à Steph pendant un quart d'heure et à Lancelot pendant un quart de seconde, ce qui n'est pas rien).

jeudi 23 décembre 2010

Zadig 2

Zadig est le plus beau, je vous l'ai déjà dit?

J'ai enfin terminé ma "charge d'enseignement" du premier semestre. Et tu parles d'une charge! Moi qui n'avais jamais voulu être prof, je comprends enfin pourquoi.
Non bon j'exagère, ils ne sont pas tous méchants. Mais ils m'appellent madame! Ceci dit je trouve ça assez mignon, surtout s'ils n'essayent pas de me piéger avec leurs questions débiles. J'ai décidé de m'en foutre et de ne pas faire semblant. Baskets roses, cheveux sales, j'arrive en retard. On me pose une question? Je ne sais pas. Ils parlent? S'ils ont un problème ils peuvent partir. Le cours parle de quoi? Je ne sais pas on n'a pas non plus éclairé ma lanterne. Welcome to the French university, c'est moi la prof!
Le cours de commentaire de documents est plus excitant, j'ai essayé de les enthousiasmer pour le bouchon vaseux de l'estuaire de la Seine, les corons de Lens, les bananeraies de Guadeloupe...Et moi-même j'y croyais. Les mardi matins n'ont jamais été aussi joyeux. Faut dire qu'ils n'étaient que deux à ce cours, c'est plus facile pour les dompter.

Zadig

Je fais mes courses de chat sur internet, comme on choisirais son futur enfant. Sauf que comme par hasard j'ai choisi le plus moche!
Non Zadig est loin d'être moche, mais disons que si j'avais voulu faire dans l'eugénisme, j'aurais choisi un beau chat majestueux à poils longs qui miaule dignement et ne fait jamais caca...
Zadig a le mérite de ne pas ressembler à Lola. Autant Lola était paisible et miaulait comme la castafiore, autant Zadig est nerveux et miaule comme un castrat. Et c'est très bien comme ça! Pour l'instant, car je sens qu'il a envie d'une petite soeur...(qui ne s'appellera pas Voltaire donc).

Lola me surveille au-dessus de mon ordinateur. J'ai mis sa photo afin qu'elle veille sur moi (m'inspire dans le travail), comme d'autres auraient mis la photo d'un Bouddha danois à moto qui ressemble à Schwarzie sur leur frigo plein de tofu où se cachent au fond quelques saucisses (cf. le stage chez les bouddhistes de l'été 2008). C'est une photo où elle regarde bien droit dans l'objectif, et c'est la seule. J'avais dû l'imprimer pour assister à un workshop "Communicating with animals". Dans mon élan mystique, j'ai traversé toute l'Angleterre jusqu'à York pour apprendre à communiquer télépathiquement avec les animaux et au passage couchsurfer chez un Sud-africain sous acide.
Le verdict est: ça marche. Enfin, pour moi je sais pas. Disons qu'il faut se concentrer à fond, respirer par le ventre, vider son esprit, et tout ça me rappelle tellement André et ses dérives sectaires que ça perturbe un peu le processus. Il paraît que le plus dur c'est de parler avec ses propres animaux. Alors j'essaie de parler aux inconnus, mais je me prends souvent des coups de griffe.