vendredi 4 juin 2010

Lola

Je me souviens très bien, c'était les vacances de la Toussaint 1995. Le chat de Baptiste, Caramel, était mort il y a peu car comme un con il avait mangé de la mort-aux-rats (pauvre Caramel).
Mme Hellouin avait lancé innocemment "Ils viennent d'avoir une portée de chatons dans la famille d'Alicia, ça ne vous intéresserait pas? Leur mère a été tuée par un chasseur et ils ne savent pas quoi en faire". La mère de Baptiste est tout de suite d'accord pour en prendre un. La mienne, moins. J'ai dû lui faire du lavage de cerveau pendant quelques jours, et mon argument choc a fait mouche: "mais maman, je suis enfant unique, avoir un animal me permettra d'apprendre à socialiser!" Elle a fini par céder. Il faut dire que mon père n'était pas là. Baptiste et moi avons contacté un stratagème pour le piéger, une sorte de faux contrat qu'il a dû signer, mais de toutes façons il a dû se rendre à l'évidence: Maman avait dit oui! Et c'est ainsi qu'un matin, Mme Hellouin est arrivée avec un chaton gris dans chaque main, 1 mâle et 1 femelle nous assure-t-elle. Bien sûr, je me jette sur la femelle, ne laissant aucun choix à Baptiste. Ce que l'on ne savait pas encore, c'est qu'il s'agissait de deux femelles! Comme c'était l'année des L, nous cherchons des noms. C'est Baptiste qui trouve Lola, et aussi Légo pour son "mâle", plus tard rebaptisée Légoe. Nous leur installons un petit coussin et une litière dans le petit salon, au coin du feu, et avec Eline, Chloé et Axelle on les veille, de peur qu'elles tombent dans le feu (oui on n'y connaît rien en chats...).

Puis il faut rentrer à Paris. Nous raccompagnons Axelle dans le 91, où Lola fait connaissance de sa chienne, et elles s'entendent à merveille (ce placide caractère n'allait pas durer, on s'en doute). La mère d'Axelle la pèse sur la balance de cuisine, 600 grammes au compteur! (elle gagnerait quelques kilos assez rapidement...).

La grs

Etant donné l'incompatibilité croissante de caractère entre la présidente du club de gym, A., et moi, je me suis orientée vers une reprise de la GRS. A. est très autoritaire, et de surcroît stupide, et comme moi aussi, ça fait des clash (intérieurs, car mon ascendant balance contrôle la situation).
J'ai donc contacté le club de GRS de la ville, en laissant un court message sur leur boîte aux lettres et ne m'attendant à recevoir aucune réponse. Quelle erreur! Nous voilà embarquées, Laetitia et moi, dans une folle épopée pour trouver le "Large Green Hall", qui a le don de se trouver au fin fond d'un collège au fin fond de la ville, et nous devons bien sûr franchir moult obstacles avant d'arriver à destination....trouver le bon bus, faire comprendre au chauffeur où l'on veut descendre, monter avec deux cerceaux dans un bus bondé de retraitées et de jeunes collégiennes en furie (il faut dire que les collants par 30°C, ça doit en énerver plus d'une) hurlant, ricanant et machouillant des bonbons gélatineux (ou des chips, ou les deux).
Nous arrivons enfin au rond-point devant la Saint Anselm's School. Retraverser la cour pleine d'ados anglais en chaleur (au sens propre), et voilà, nous sommes arrivées.

Nous sommes très bien accuillies par Helen, la "Assistant Coach", mais Anni, la "Head Coach" suédoise, reste glaciale. Nous allons nous échauffer avec "these guys", allez, on suit. Parmi these guys, je reconnais une jeune demoiselle que j'ai vue en vidéo sur Youtube. Elle doit avoir 15/16 ans et c'est la plus vieille, c'est probablement ce qu'ils ont voulu dire dans leur email par "oui oui nous accueillons des seniors!" N'empêche qu'elle a l'air sympa, elle nous sourit. Quand elle fait son enchaînement au ballon et qu'il roule hors du praticable, Laetitia et moi on est toutes émues en lui rendant, et on a presque envie de lui demander un autographe. Bref, pour l'instant, échauffement à la barre de danse, elles collent leurs jambes derrière les oreilles tout en se faisant hurler dessus par Anni ("mais c'est quoi ça? c'est nul! Comment c'est possible que ton battement soit aussi moche"). J'aurais pu jeter un regard à Laetitia, si je n'étais pas dégoulinante de sueur et ahanant avec ma pauvre jambe qui atteint péniblement les 90°. Puis nous restons dans un coin.
A la fin du cours, je demande à Anni si on peut quand même revenir, bien que l'on soit manifestement pas au même niveau que les autres "séniors", et elle nous répond que elle, ça ne la dérange pas.

Deuxième cours. Cette fois, nous avons un nom, les "Ladies". "Ladies! Join the girls at the bar" (non on ne va pas au bar, mais à la barre), "Ladies, join the girls at the oversplits" (grands écarts le pied posé sur une chaise).

Troisième cours. Anni nous donne un exercice au ballon à faire!

Quatrième cours. Anni nous accueille par un "Anna, start running!" (Laetitia est un nom qui perturbe gravement les British). Je suis tellement surprise qu'elle ne nous appelle plus "Ladies" que je crois qu'elle parle à quelq'un d'autre. "Anna! Can you hear me! What are you waiting for! Start running!". "Anna and Laetitia, go with Helen, she will time you for the oversplits".

C'est merveilleux, nous avons enfin un nom!
C'est le début d'une nouvelle vie gymnique!

Je n'avais jamais réussi à atteindre ce stade au club de Brno.